Hic.et.Nunc

Quid novis ?

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J'avais dit que je dirai quelques mots de ce roman, alors allons-y !
Alors, ce qu'il faut savoir de "Bouvard et Pécuchet", c'est qu'il a été publié après le décès de Flaubert : ses manuscrits ont été repris, mais avec quelques problèmes. En effet, on a constaté qu'il s'y trouvait quelques erreurs et incohérences car il s'agissait d'un premier jet, destiné à être retravaillé par la suite. Exemple : voulant parler de la messe de minuit qui se déroule le jour de Noël, il parle du 25 décembre au lieu du 24. Souvent, les éditions proposent de fréquentes annotations pour expliquer les soucis rencontrés et les choix faits, ce qui est assez intéressant.
La deuxième chose, c'est que Flaubert n'a pas eu le temps de finir le roman avant sa mort. Il s'arrête donc au chapitre X, puis suit un chapitre supplémentaire composé des notes que Flaubert avait prises en canevas sur la fin de l'histoire. Heureusement, le lecteur n'est pas laissé sans fin : le fait que le roman n'ait pas été achevé n'est donc pas un véritable problème, à mon sens.

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"Bouvard et Pécuchet" est donc le récit de la rencontre de deux hommes, copistes de leur état, qui se lient d'amitié et décident d'aller vivre à la campagne. Ils partagent le même goût pour le savoir : tout le livre n'est qu'une vaste quête de la vérité à travers la recherche d'un savoir véritablement encyclopédique. Au fil des chapitres, ils s'intéressent à tous les domaines : jardinage, histoire, médecine, spiritisme, philosophie, politique, éducation... Pour aboutir chaque fois à des échecs sans pour autant renoncer !
Finalement, même si ces deux personnages sont souvent tournés en ridicule et semblent d'une grande naïveté, je trouve que l'on peut se retrouver en eux, qui ont la volonté de tout connaître et ingurgitent toutes les connaissances. De plus, au fur et à mesure de l'histoire, leur opinion se forge, ils deviennent véritablement plus savants... Jusqu'à ne plus supporter la médiocrité des gens du village et le doute qui les ronge à chaque instant du quotidien. D'où cette fin absolument absurde. Je ne vais pas la dire, ce serait dommage, quand même.
Il est vrai que le roman est long et un peu fastidieux sur certains côtés car la description de leurs expériences et sujets d'apprentissage est extraordinairement précise, mais cela se lit finalement plus vite que ce que je ne croyais.

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Pour terminer, je ne peux m'empêcher d'admirer le travail que Flaubert fournit sur cette oeuvre, qui est un projet qu'il avait en tête depuis longtemps. En effet, selon les carnets où ils tenait ses notes, on constate qu'il aurait lu et annoté près de 1500 livres afin d'acquérir les connaissances précises dans tous les domaines qu'il voulait faire expérimenter à ses personnages ! Le travail d'écrivain n'est décidément pas de toute simplicité !
Un livre assez remarquable, en tout cas.


Le Diable amoureux - Cazotte

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Ce bouquin est une petite merveille. Oh, il n'a l'air de rien, comme ça ! Une petite histoire sympathique. Un magicien un peu trop empressé d'invoquer le Diable qui se trouve être... Une jolie fille retorse et prête à tout pour le séduire !
Mais à lire bien attentivement, on y trouve des milliers de petits clins d'oeil amusants ou des paragraphes sur lesquels on passe rapidement sans se rendre compte des sous-entendus qu'il contenait...
Deux exemples, plus ou moins subtils :

"En prononçant ce mot avec un accent d'une douceur enchanteresse, elle fermait, plus qu'exactement, le passage aux réponses que j'aurais voulu lui faire" ... Un baiser pour lui couper la parole ?
Après l'évocation des charmes de ce Diable inattendu : "Je faisais des mouvements prodigieux dans mon lit ; il n'était pas neuf ; le bois s'écarte, et les trois planches qui soutenaient mon sommier tombent avec fracas" ... Qui l'eût cru ?

C'est fou ce que Cazotte s'amuse avec le lecteur... Un peu de naïveté et on passe à côté de tous les détails de ce type !

Juste un poème à vous faire partager, parce que l'hypokhâgne offre souvent de belles découvertes littéraires...

Ruptura sin palabras - Pedro Salinas



Áspero, el camino

entre cerros pardos.

Rastreros los vientos,

arrancaban altos

quejidos de polvo

a la tierra triste.

En las eras mondas

amargos se hacían 

pimientos secándose.

Tu mirar caía

con su cuerpo blanco

siempre sobre púas,

chumberas, picachos,

del agrio paisaje

erizado.


Los ojos, cerrarlos.

Pero hablar tampoco.

Al salir afuera

se torcían todos

los deseos candidos.

En los labios secos

los odios expósitos

del aire, esperando,

sacaban el filo

malo al sí y al no.

¡Qué herir sin querer 

si decías tú,

si decía yo,

algo!


Hablar tampoco.

Dejar al silencio

en su forcejeo

con ecos distantes

de cabras y galgos.

Y no pensar nada.

Porque las de nunca,

centellas, maldades,

las desconocidas

iras soterradas

erguíanse dentro,

ya, de ti y de mí.

La tarde azuzando

nuestros dos destinos,

tan juntos, les daba

amarguras, polvo,

sañas y sequía:

armas contra ti,

amor de los dos.

Sin hablar, sin nada,

sentí que ya estábamos

frente a frente. Toda

desnuda te vi

en tu yo más malo

.Lo que yo te quise

-¡qué tiempo lentísimo!-

en minutos rápidos

se iba desamando.

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